Interview sur le métier d’illustrateur freelance
Mon parcours d'illustratrice dans Créa-magazine
Créa-magazine, magazine dédié à l'art et à la création, s'est intéressé à mes illustrations. La rédactrice m'a contactée et nous avons convenu d'une rencontre pour échanger sur mon métier d'illustrateur indépendant.
Le style de mes personnages
Nous y abordons tout d'abord les univers de mes dessins et de mes personnages, qui sont toujours très colorés et stylisés, généralement dessinés au trait rouge. J'évoque mes sources d'inspiration que sont mes voyages ainsi que ma vie quotidienne d'illustratrice.
Mes début dans la création et le dessin
Passionnée de dessin depuis mon plus jeune âge, j'ai choisi de suivre des études d'arts appliqués. Après un passage en tant que graphiste en agence de publicité, j'ai débutée mon activité d'illustratrice freelance, et j'ai rapidement eu la chance de dessiner pour des grands magazines. Il s'agissait généralement de magazines féminins de mode, de beauté, ou sur les thématiques « lifestyle ». Dans l'interview, nous évoquons donc ces premières collaborations avec les magazines, en France comme Biba, et surtout en Inde avec le magazine Elle India.
Des illustrations de magazines et des couvertures de livres
Dans la dernière partie de l'article, nous parlons de la création d'illustrations éditoriales, et des couvertures de livres. J'en ai réalisé plusieurs, notamment pour Plon, Pocket, Calmann-Lévy, que vous pouvez retrouver dans mon book. L'interview se termine sur les conseils que je peux donner aux graphistes et illustrateurs qui souhaitent se lancer en indépendants...
Je vous invite à lire ici l'article de créa magazine sur mon parcours professionnel et artistique.
En complément, voici quelques réponses aux questions que l'on me pose généralement sur mon métier:
Quelques infos sur mon métier d'illustratrice freelance
Ma vie en France et les voyages m’offrent des expériences idéales pour m’inspirer du monde et des hommes : leurs vies quotidiennes, leurs loisirs, leurs plaisirs… On retrouve ces inspirations et ces ambiances dans mes dessins et mes univers graphiques.
Mais au-delà des aspects créatifs et artistiques du métier d’illustrateur, être artiste indépendant nécessite une bonne organisation professionnelle. L’activité et le travail ne manquent pas : les clients sont nombreux à avoir besoin des services d’artistes ou de graphistes indépendants dans les domaines de la presse, du livre, de l’édition, du design, du contenu de marque ou de la publicité.
Comment devient-on illustratrice ?
Cette question m’est souvent posée, et je vais certainement faire des déçus : il n’y a pas de recette miracle. La première chose, et ce n’est pas un scoop, est de savoir un minimum dessiner. Quand on veut faire caricaturiste, affichiste ou dessinateur, c’est que en général on a pas le choix : depuis tout petit on tient un crayon et on gribouille des petits personnages sur tous les bouts de papiers qui trainent, les bouts de nappes, les marges de cahier, les bras des copines. Et on n’a pas envie de faire autre chose. On rêve depuis toujours de faire du dessin son métier. Ça c’est la base, car de la motivation et de la persévérance, il va en falloir. Donc un bon « coup de crayon » à la base va s’avérer utile et idéalement il est préférable d’acquérir quelques techniques d’arts appliqués et de graphisme pour apprivoiser ce coup de crayon, en suivant une formation aux métiers artistiques .
Une formation d'art appliqué est un plus
Il en existe beaucoup, du BTS design graphique, DNA Diplôme national d’Art option design, en passant par le Diplôme national supérieur des Arts décoratifs (ENSAD), ainsi qu’une multitude d’écoles d’Art privée.
J’ai personnellement opté pour l’Ecole Pivaut (supérieure technique privée d’arts appliqués et dessin narratif) qui proposait une formation de designer graphiste généraliste post bac en 3 ans avec une option illustration graphique. On y perfectionne son dessin mais on s’ouvre aussi aux autres formes d’expression artistique, et on y apprend les rudiments du métier de designer ou de graphiste : la rencontre avec le client, la traduction d’un texte, d’un brief ou d’une idée en image, les outils (plume, feutre, aquarelle, encre de chine, etc), la diversité des supports print (affiche, livre, magazine, plaquette…), multimédia (site internet, jeux vidéo, e-learning, animatique…) ou audiovisuel (video, film…), et on y développe son sens du visuel.
Dessinatrice et graphiste en mode solo
Une fois que l’on est formé, que l’on a à peu près compris ce qu’était le métier, et qu’idéalement on a fait quelques stages (j’en ai personnellement fait 2 en agence de publicité), et bien reste… à trouver des clients…. et des commandes… Et ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval comme on dit dans ma Bretagne natale. Il faut donc essayer de faire connaître son travail, qui présente de préférence un style bien affirmé afin d’être identifié auprès des clients et secteurs utilisateurs d’illustrations : la publicité, la presse et l’édition. Lorsque j’ai commencé, j’allais visiter les directeurs artistiques et les éditeurs avec mon book et plusieurs dizaines de mes visuels imprimées. Aujourd’hui, savoir concevoir, créer et référencer un site internet avec l’ensemble de ses portfolios est un avantage énorme qui permet d’être visible et identifié par un large public, dont les professionnels. Lorsque l’on décroche ses premières commandes, le plus important reste bien-sûr d’aller les fêter au restaurant. Mais, le lendemain, il ne faut pas oublier que l’on va avoir besoin d’un statut social pour exercer son métier et surtout pour pouvoir facturer, ce qui est nécessaire pour manger et donc pour survivre (cqfd).
Pour l’affichiste ou l’illustratrice française qui veut être freelance (prononciation en français : « Frilance », traduction : indépendant !), le plus simple me paraît d’opter pour le statut d’artiste-auteur et de facturer ses créations et ses droits d’auteur dans le cadre de la maison des artistes (ou de l’AGESSA si il est plus auteur). D’autres statuts sont cependant envisageables, mais me paraissent moins agiles et adaptés : le portage salarial ou la création d’une entreprise de type SARL, qui peut être envisagée dans le cadre du développement d’un studio graphique nécessitant l’embauche de salariés.
Ou avec une agence d'illustrateur
Avec un style affirmé, un site internet bien fait, un planning bien organisé, un statut cadré et des prix cohérents, les premières commandes devraient arriver ! J’ai personnellement opté pour gérer moi-même mon planning et mes relations avec mes clients en France. Après 20 ans de pratique, j’ai acquis pas mal d’expérience dans la compréhension des demandes qu’il s’agisse de concepts publicitaires ou de direction artistique dans la presse, l’édition ou le livre. Je n’ai pas ressenti jusque là le besoin de collaborer avec un agent d’illustrateur à Paris ou ailleurs en France, du moins pour le moment (je ne suis pas fermée !). Je comprends cependant très bien l’intérêt d’un agent pour les artistes ou créatifs qui peuvent ne pas être à l’aise avec les plannings ou la relation avec les agences ou les clients. Pour moi le cas est différents en ce qui concerne les autres Pays, comme les Etats-Unis, le Japon, ou même l’Allemagne. Les différences culturelles et linguistiques (anglais le plus souvent) font qu’il me parait intéressant, voir nécessaire, de collaborer avec des agents dans ces pays. Cela fait donc maintenant presque 4 ans que je collabore avec différents agents dans le monde, notamment aux USA.
Après, j’encourage tout ceux qui voudraient se lancer à le faire ! C’est une aventure de tous les jours, mais si c’était à refaire… je recommencerais !
La création de visuels dans les univers lifestyle
J’ai beaucoup dessiné pour des des projets de création graphique dans les domaines dits « lifestyle », une thématique très large qui s’intéresse aux modes et aux styles de vie de nos contemporains (comment ils prennent leurs vacances, comment ils décorent leurs maisons, quels cadeaux ils offrent à noël…). Il s’agit de projets d’édition ou de presse sur les thématiques de l’architecture, la décoration, la gastronomie, le tourisme et les vacances, la musique, le design, et bien-sûr les voyages.
L'art de vivre au quotidien
J’aime cuisiner autant que peindre ou dessiner. Tout comme j’adore les dessins d’autres dessinateurs que j’admire – illustrateur connu en France tel Voutch, ou peu connu en Europe tel le dessinateur indien Mario de Miranda -, j’apprécie la cuisine de grands chefs, à Bombay ou Paris, si possible accompagnée d’un verre de bon vin.
En tant que graphiste, j’ai remarqué qu’il n’était pas évident d’évoquer par le dessin un très bon plat et ses saveurs… Comment faire passer ce subtil plaisir des papilles, de l’odorat et de la vue qui nous remplit lorsque l’assiette est dressée ? Eh bien le plus simple est de représenter les yeux et les expressions emplis de plaisir du personnage qui s’en régale !
Croquer les voyages, l’amour et la vie
J’ai observé que lorsque l’on évoque les Arts de vivre, tout est question de contexte ; par exemple manger des huîtres, même délicieuses, dans une station service ne présente aucun intérêt. C’est le cadre, l’atmosphère, l’ambiance, comme la lumière et la couleur de l’océan, la petite table à carreaux rouges, la ligne élégante du verre à vin, le léger parfum de bossa et d’amour qui flotte dans l’air, les sourires, le bois vernis dans lequel se reflètent les chandelles…. qui feront de l’instant un moment magique.
Dessiner des univers de rêve !
L’artiste est donc scénographe de ces univers imaginaires propices aux plaisirs de la vie : c’est une mission très sérieuse à prendre avec humour et légèreté !